La foire du drône – Polkas@CNEAI #2

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Samedi 14 avril 2018 à 14h

La foire du drône – Polkas@CNEAI #2
CNEAI, les magasins généraux

Rue de l’ancien Canal – 93500 PANTIN
Métro Ligne 5 station Église de Pantin

 

Dans le cadre de l’exposition « Mon nom est personne » qui se tient du 17 février au 22 avril 2018 au CNEAI Pantin, Polkas@CNEAI a sollicité des poètes, écrivains, en leur demandant de s’adjoindre musiciens, plasticiens, compositeurs, danseurs, vidéastes, dessinateurs, cuisiniers, vignerons, architectes, scientifiques, plombiers, etc… pour qu’ils s’expriment sur le thème de l’anonymat

 

Légère procuration

Didier Bourda, poète et Dimitri Vazemsky, vidéaste Cut-up langagier.
Texte et image. La fluidité visuelle de Vazemsky glissée sur la parlé-bourda des régions subarctiques du Québec et du Labrador. Un drone fait la part du vertical et de l’horizontal, espionne l’ascendant des courants d’air, mélange cendres amérindiennes et gueules noires. Le Nord, j’connais, dit l’un; Etends le sur un cadre! répond l’autre.

Tu veux savoir comment j'm'appelle 

Paul de Brancion, poète et écrivain et Philippe Busser, photographe auteur et créateur sonore
Lecture perforée d’anonymat moucheté. Absenté du nom nous ne sommes pas présents. La mouche- drone de volatile- indique, s’immisce, bourdonne, vrombit mais elle n’est pas là.  C’est ce qu’on entendra

Drone 2 grammes 

Sophie Coiffier, écrivain, Marion Pinaffo et Raphaël Pluvinage, designers Eclairage sur le projet : «Interlude théâtral en 1 acte et 20 tableaux»

Les objets volants etc.
 
Nicolas Vargas, poète performeur et Aurélia Tastet, comédienne
Barbara vit à Londres. Nelson à Arudy. Pas assez près du corps. Trop loin du tchat... Alors ils se font de la virtualité réelle.
A travers cet exposé raggaphysique, on essaiera de résoudre les questions importantes du drone dans le sud ouest ouest de la France durant l’été 1989.

Didier Bourda est né à Pau en 1959.  Quinze années de compagnonnage avec la scène, autour de ses propres textes qui restent une véritable fabrication du langage. Bourda triture des mots (séries, répétitions, deux textes simultanés, enchevêtres pour deux discours différents). Humour, précision dans son décryptage au plus près, au scalpel, une sorte de neutralité dans le regard, sont sa marque de fabrique. Depuis quelques années il travaille aussi la dimension sonore de ses textes avec le designer sonore Martin Antiphon.  Humour, précision dans son décryptage au plus près, au scalpel, une sorte de neutralité dans le regard, sont sa marque de fabrique.  Il est depuis 2003 le directeur artistique de Poésie dans les chais (64). Ses livres sont publiés par L’Atelier de l’agneau, Nuit Myrtide, Voix Editions, Dernier Télégramme et Lanskine. 

Philippe Busser est photographe auteur et créateur sonore. Après une période comme photographe nature et environnement à l’agence BIOS (2003-2009), il photographie et enregistre la vie quotidienne de ses contemporains en même temps qu’il interroge les illusions de notre époque. Auteur de plusieurs expositions et ouvrages (Prix Achille Allier, Prix Allen), créateur de la revue Marge brute, il a notamment collaboré avec Martin de La Soudière, Jocelyne Porcher, Edith Bour, Catherine Thoyer, Jean Lenturlu.

Sophie Coiffier, née à Bayeux en 1967, vit et travaille à Paris et Quimperlé. Elle vient des Arts plastiques, y retourne de temps en temps, les prolonge dans le texte. Elle a publié trois livres aux éditions Mix : Le Paradoxe de l’instant (2007), Les Ciels (2009), Me and my dog (2012). Publication en revues : Perpendiculaire n°11, Le Corps du Texte n°1,2,4 et 5, Le Flux des Mots n°2, revue Rue Saint Ambroise n°17, 23, 27, 29, 39, revue Tina n°9 (éd. ère). Paysage zéro aux éditions de l’Attente (2017).

 

Marion Pinaffo est designer indépendant, diplômée de l’Ensci-les Ateliers à Paris après un DMA métal à Olivier de Serres. Elle a travaillé au studio Doshi Levien à Londres et aussi avec le dessinateur Bonnefrite. Elle collabore également avec l’atelier de graphistes Formes Vives.

Raphaël Pluvinage est un artiste et designer interactif. Il est diplômé de l’Ensci-les Ateliers à Paris et de l’Université Technologique de Compiègne. Il a exposé ses travaux dans plusieurs pays. En France, il a notamment travaillé avec la Gaîté Lyrique à Paris, avec la Cité du design de Saint Etienne et certains de ses travaux font partie du FNAC (Fond National d’Art Contemporain).

Marion et Raphaël travaillent depuis plusieurs années sur des projets communs. Ils ont été lauréats 2016 du prix Audi talents Awards. Ils ont exposé leur création : « Papier Machine » au Musée des Arts Décoratifs lors du Festival D’Days en 2017.

Aurélia Tastet, comédienne, a travaillé avec Olivier Brunhes, la Cie Passage, Angèle Chanjou, l’ensemble Amalgammes (…) Aujourd’hui au sein du collectif Random et de la Cie AIAA avec qui elle a écrit et joue actuellement le spectacle Argent, Pudeurs et Décadences.

 

 

Nicolas Vargas, né en 1980, est infirmier en pédo-psychiatrie depuis 2003. Formé à l’Art-Cru, il anime des ateliers d’expression auprès d’enfants et adolescents. Né d’un père immigré et ayant grandi dans un milieu rural, il revendique une approche poétique populaire et engagée, décomplexée, tournée vers une forme interactive avec le public. C’est animé par ce désir qu’il fonde A.T.I (l’Assaut du Théâtre Imaginaire) en 2008, chargée de promouvoir les écritures modernes par le biais d’ateliers écriture, de spectacles vivants, et la maison d’édition éponyme (revue L’Assaut et collection A-tomes). Côté scène, Nicolas Vargas a su se démarquer par le biais de conférences gesticulées pataphysiques (Makasutra’s-2010), lectures pop-up (Mon écriture est laid – 2011), de nombreuses performances remarquées dans des festivals en France et ailleurs (Sète, Lodève, Lisbonne, Saragosse), son groupe de Spoken Rock (Bleu Ether) et signe des collaborations avec des musiciens reconnus (Jesus Aured, Claire Menguy) ou des poètes (Bernard Noël, Edith Azam).
Outre V.H.S. (Very Human Simplement), aux éditions LansKine, Nicolas Vargas a publié A-vanzar (ed. Plaine Page, Emovere (ed. La boucherie Littéraire).

Dimitri Vazemsky Ecrivain ? Editeur ? Plasticien ? Dilettante professionnel ou guetteur de sens ? Tout cela à la fois ? On cherche ses livres côté librairie, on les retrouve côté galerie ou musée.  » Il est une sorte de Sophie Calle au masculin  » (Geoffroy Deffrennes, La voix du Nord).

Cette soirée est organisée par :

                                  CNEAI
RECHERCHE – TRANSMISSION – CRÉATION
Centre National Édition Art Image
www.cneai.com
Sylvie BOULANGER cneai@cneai.com

Editions LansKine
www.editions-lanskine.fr
Catherine TOURNÉ direction@editions-lanskine.fr

 

Revue SARRAZINE
A.I.C.L.A. Association pour l’Incitation à la Création Littéraire et Artistique
www.sarrazine.com
Paul de BRANCION redaction@sarrazine.com

Avec la participation de :

ET LE SOUTIEN de :

 


Retrouvez le texte de Paul de Brancion, lu par Laetitia Auclair et la création sonore de Philippe Busser :

Tu veux savoir comment j’m’appelle

Ne sais rien de moi

A fallu tenter passer de l’autre côté des nuages
du nom
Etat civil à profusion

Choisir de choisir l’embranchement
Brancher soi même
se pendre à la juste ligne des noms

parti d’ailleurs

Première publication avec prête nom
Deuxième aussi

Troisième
Vrai patronyme

révolution

On vire les rallonges
Les postiches
Les succédanés

Les autres aussi

Et c’est parti la cuisine

Editeurs pas contents on doit fonder sur

l’objet auteur
doit être connu reconnu
Pour vendre évidemment
Interdit de changer de nom d’auteur
en cours de route

Mais c’est pas tout

Est-ce que en étant soi
on est pas aussi anonyme
qu’en l’étant pas ?
Voilà

Bifurquer
jusqu’à s’absenter de ça /soi
enfin de sa création

Car la question se pose
Ces choses que l’on produit
Au dessous ou dessus desquelles
On signe

Sont elles « nonymes »
Ou
« anonymes » ?

Les collectifs de créateurs

Les choix éditoriaux fondées sur :

Il a elle a un nom connu/ inconnu
je publie je prends je soutiens

ou non

souvent
z’ont même pas lu
z’ont rien senti

mais s’entichent du nom de …
X est très connu
Ce qu’il ou elle
Fait

Est superbe
C’est un grand poète
Un grand peintre
Un génial penseur
Un romancier fascinant

Les « on ne signe pas »

Singes anonymes du XVI ème XVII ou XVIIIème
ou même du Moyen Âge
Sans compter tous ceux de l’époque
où on n’écrivait pas encore
on racontait
on criait

Et puis les trou-badours

Et on sait pas qui c’est

Qui sait qui sied
Qui cède
Qui s’aide
Qui assume
S’obstine à être celui
Que l’on ne
reconnaîtra pas

Sans nom c’est balaise
Plus d’égotisme
d’emmerde
de com
de « marchandisation »

C’est presque la situation du livre de poésie
aujourd’hui
s’il se refuse à : au
méta… hululement
A la performance
A la doxa
A la transversalité
A la pédago-gi-tation
A la faculté
A l’université
A la capacité
A la cogité
A l’égalité à la fricassée
A l’ergo somme

Reste l’ombre portée
dans le texte et ce qu‘il a
d’essentiellement anonyme
Même si il y a un auteur
Que l’on connaît

Le texte littéraire est « anonymé »
Par son caractère universel

S’il y parvient

efface les violences les douleurs
de ne pas être connu reconnu
Ça n’a plus trop d’importance

Enfin tranquille

Ouvrage
Don de sperme anonyme

Naissance sous X
anonyme

Hypocrite lecteur anonyme
Mon semblable anonyme
Mon frère anonyme

Je préférerai ne pas

Moby dick anonyme

La Rimbe avec Verlaine
Auraient-ils pu sous Staline
Vivre dans un appartement communautaire
Russe
Avec Akhmatova ?

Lui auraient fait la cuisine
le ménage

L’œuvre de kafka brulée anonymement
remplacée par une autre

Max brod substituant
Un autre Château au Château
Ça aurait de la gueule

Les anonymes alcooliques
Ceux qui ne boivent plus
Les SDF anonymes
Les SNF sans noms fixes
Les écrivains surannés
La BNF
Les poseurs
porteurs craintifs de pseudo
de pseudos pseudos
Les nègres porteurs d‘écrivains qui payent
Les…

Les plumes de ministres
qui tendance
se font un nom après

Les rédacteurs de pétitions
anonymes

Les économistes anonymes consternés
les pic et pic et calligrammes
bourre et bourre et rata Tam

Les chauffeurs de Proust anonymes

I would prefer not to
Les bartelby anonymes

Ainsi la route est longue
Et la gloire posthume`
hypothétique et courte

Il y a aussi les inconnus
Le soldat
La femme du soldat
Les inconnues anonymes
Et les inconnus reconnus

Ceux là on perdu
quelque chose

On peut avoir un nom
et s’abimer en ce non de nom
Il faut que le nom soit juste

– Dis moi comment t’appelles tu ?
– Tu veux savoir comment je m’appelle

Tout le monde n’a pas
La chance
D’êtres né sous X
Tout le monde n’a pas
La joie
Le bonheur d’être nez d’une PMA
Tout le monde n’a pas la chance
D’être avorté
Les mots sont anonymes
Le soldat couché sous l’arc de triomphe
Est anachroniquement inconnu

Les non dupes errent
Les pères non dupes
Les fils aux paires
Les nique ta mère
Les mères de tout
Les filles de rien
Les filles mères
Les nom de nom
Les fils de putes
Les nom de chien
Les mouches à mouches
Les bourdonnements volatils

Sous la poigne de fer japonaise
1910
Les coréens colonisés n’avaient plus droit à
Leur patronyme

Abrogé
Il devait laisser place
à un nom japonais
adopté d’autorité
plus de langue non plus

classique
pas un réconfort

Les fosses communes
Sont elles sceptiques
et réciproquement
Mozart figaro si
Figaro là
la

La Divine comédie est-elle comique ?
Dante avait-il mal aux dents ?

mal d’enfer

Les mots sont anonymes
effacés par le sens
Les vivants le sont moins

Les funérailles nationales
Sont elles gage de postérité
Hugo le discret
a-t-il dynamité
la poésie contemporaine ?
Baudelaire t-il inventé
La poésie en prose ?
Ou bien c’est Rabelais
Ou Jean Bodel

On se souvient de ceux là
On se souvient aussi de Villon et des autres
Mais tant et tant demeurent inconnus dans l’anonymat du temps.

« Ouvre moi cette porte
Où je frappe en pleurant »

La porte Bordel !

 

Paul de BRANCION
(dans la série Crash Textes)

29 avril 2018